Portrait

En 2005, Anne-Cécile Couetil crée sa marque de sacs, Velvétine : des modèles de belle qualité et trendy, qui mixent des influences à la fois rock et bohème.

Aujourd'hui, forte d'un succès relayé par des coups de cœur de blogueuses et via le bouche à oreille de ses fans, Velvétine ne cesse de gravir les échelons de la hype.
Nous avons rencontré la créatrice de ces sacs plébiscités par les fashionitas.

Anne-Cécile Couetil, racontez-nous d'où tout est parti ?
J'ai commencé assez tôt. J'ai suivi les cours de stylisme-modélisme du Studio Berçot, puis ceux de la Chambre Syndicale de la Couture (Paris) pendant 3 ans.
Aussitôt mes études terminées, j'ai créé une marque de bijoux et de sacs du soir à mon nom.
J'ai eu très envie de fonder ma marque de sorte à être indépendante et pouvoir travailler mes propres codes. Mon inspiration a évolué au fil du temps, au fil des salons professionnels, et puis, j'ai rencontré un ami qui souhaitait également créer sa marque. Ensemble, nous avons réfléchi sur un projet commun... au-fur-et-à-mesure que le concept évoluait, j'ai décidé de rebaptiser le label Velvétine en affinité avec les groupes qui m'influençaient beaucoup pour leur musique, leurs looks et parfois leurs attitudes décadentes ! The Kills, les Who, Led Zep, Arcade Fire, Elliott Smith, les Strokes, Alice in Chain, Kings of Leon, Brian Jonestown Massacre, Aerosmith, Eddie Vedder, White Stripes...

Genèse

...Avec mon ami, on souhaitait donner à la marque une identité très rock, mais en même temps très luxe. Comme j'avais travaillé dans le bijou après ma formation de styliste, on a exploré cette idée. On a voulu utiliser du cuir vieilli dans les sacs ; un cuir assez foulonné pour la souplesse. On a également décidé de faire développer un modèle de fermoir par des artisans spécialisés dans le bijou à Paris : Velvétine était né.

Est-ce que le fameux fermoir bijou est devenu votre signature ?
Oui ! On le retrouve sur la plupart des modèles de la collection, sauf sur les sacs qui affichent des éléments particulièrement forts. À ce moment-là, j'estime que le modèle n'en a pas besoin. Et puis je veille à ne pas surcharger mes sacs pour une question de style mais de coût aussi.

D'où vous vient votre goût pour les sacs ou l'accessoire de mode ?
Je garde le souvenir d'une maman qui chérissait beaucoup les accessoires quand j'étais petite. Elle avait une collection de chaussures assez hallucinante. Je me souviens de les avoir parfois sorties et étalées dans tout l'appartement pour jouer avec. Il arrivait aussi à ma mère de réaliser ses propres vêtements car ma grand-mère était couturière ; c'est parti de là aussi. On retrouve cette inspiration dans mon modèle Big bow bag qui est une réinterprétation du gros nœud en satin d'une ceinture que ma mère portait dans les années 80. J'ai cherché à retravaillé ce nœud pour qu'il deviennent carrément le "contenant" et non un simple ornement. C'est le tout premier modèle que j'ai créé en 2002. 

Inspiration

D'où vous vient l'inspiration ?
Des magazines (j'en achète des tonnes), des blogs... je suis complètement fan d'image. J'adore lire les éditions anglaises des magazines Vogue, Elle... j'aime aussi les magazines indépendants et j'ai parfois beaucoup de mal à les trouver près de mon atelier ou de chez moi. L'inspiration peut aussi me venir d'une fille croisée dans la rue qui porte un sac en bandoulière très bas, qui tombe, voire même d'un sac hyper moche mais joliment porté - je pense à un sac que j'ai vu il n'y a pas longtemps (rire). Mais l'allure prédomine, ce qui est important c'est vraiment ce qui se dégage d'un porté.

Au départ, comment avez-vous élaboré vos sacs ?
J'ai reproduis sur mes modèles un travail de modèlisme, tel que je l'avais appris en formation de prêt-à-porter à l'école. Au début, on a essayé de faire des sacs de différents styles et de différents volumes : parfois des petites pochettes d'inspiration vintage, parfois des formats aux lignes plutôt "scolaires" à l'image du Ray qui est preque un petit cartable. Mes sacs sont travaillés de sorte à ce que l'on distingue certains détails, mais ils ont tous pour vocation de rester pratiques.


photo : sac Bow Wallet

Produit

Quel est votre choix pour les matières ?
Je suis assez fan de mon cuir ! Je reste fidèle à une petite tannerie familiale installée du côté de Naples (Italie). Là-bas, certains villages tout entier sont spécialisés dans le cuir. Dans l'entreprise avec laquelle je travaille, c'est toute la famille qui baigne dans l'univers du cuir de 20 à 70 ans et c'est le grand-père qui est le préposé aux couleurs.
Je me rends aussi au salon du cuir à Paris, tout simplement. Sur place, on peut voir pas mal d'exposants, appréhender les tendances majeures d'une saison et toujours trouver de nouvelles petites choses... J'ai développé une belle palette de coloris de base, noir, marron, gris... mais je trouve que en selon les cuirs certains modèles se prêtent aisément aux couleurs. En Asie, toutes les couleurs se vendent ! Je ne suis pas non plus contre l'idée de développer des modèles en satin ou tissu (plus tard), peut-être dans l'univers masculin d'ailleurs, même si je n'ai jamais encore créé de sacs de ce type.

Vos modèles se sont-ils adaptés à la nouvelle tendance, plus "rigide" ?
Par essence, j'adore les besaces pour leur petit côté mouvant, quasi dégoulinant. Ma collection compte toutefois quelques modèles de forme assez massive, tels le Ray ou le Krist qui répondent à ce courant de mode. Car un sac très rigide, ça peut être aussi très joli !

Blogosphère

Quel était votre tout premier modèle ?
Il était un peu à l'image de l'actuel modèle Eddie, mais sans les franges. Ce modèle, c'est un peu notre best seller. C'est aussi celui parmi les plus représentatif du style Velvétine.

Est-ce le sac dont toutes les blogueuses de mode se sont entichées ?
Pas vraiment. Je dirais que chaque blogueuse a son type de sac. Par exemple, Julie Perello - que j'ai rencontré lors d'un salon - a flashé sur le modèle Iggy. Elle en a parlé sur son blog et le modèle a ainsi fait le tour de toutes ses copines blogueuses.

De quelle manière vous êtes vous intéressée aux blogeuses ?
Tout cela s'est fait naturellement. Parallèlement à ma rencontre spontanée avec Julie Perello, j'ai commencé à suivre les blogs de filles sur le Net voilà un an et demi à deux ans. Ce que j'apprécie chez elles, c'est la spontaneité de leur travail. Je trouve qu'elles ont un certain talent pour adapter les tendances... à petits prix ! J'ai organisé par la suite des ventes privées auxquelles j'ai convié des blogueuses. Quelques unes sont venues quasiment incognito comme Nizza Girl. Certaines d'entre elles m'ont ensuite contacté pour savoir où elles pouvaient se procurer mes sacs ou savoir si elles pouvaient m'en acheter directement. D'autres, que je ne connaissais pas bien, m'ont sollicité telle Balibulle qui, d'ailleurs, m'a permis de rencontrer Punky B. Et puis j'ai fait la connaissance de Marieluvpink et il m'arrive depuis de participer parfois à ses ventes.

C'est pour Velvetine et moi-même un réel coup de chance d'avoir pu bénéficier du relais de la blogosphère, parce que je ne m'y attendais pas du tout.


photo : sac Eddy

Tendances

Chez les autres créateurs ou marques, quels sacs retiennent votre attention ?
Balenciaga! Nicolas Ghesquière est mon idole!

Comment analysez-vous l'engouement des femmes pour les sacs ?
On note une évolution générale significative dans le domaine des sacs. Pour moi, la base du style c'est, les chaussures, les accessoires et les sacs ! Je pense que le modèle First (ndlr : rebaptisé le Classic) de Balenciaga a contribué au "phénomène du sac".

Quelle personnalité rêveriez-vous d'accessoiriser ?
Il y en a beaucoup, it girls comprises ! Je suis ce qu'elles font, même si elles ne font pas grand chose (ndlr : pertinent !). Sienna Miller porte déjà un de mes modèles. Elle l'a acheté elle-même chez Blue Bag à New York. Sinon, j'adore Kate Moss, mais ce n'est pas très original de dire cela, dans la mode tout le monde l'adore... Je pense à des personnalités dont j'aime beaucoup le style : Chloé Sévigny, Alice Dellal, Beth Ditto, Allison Goldfrapp... Dernièrement, j'ai repéré la chanteuse du groupe Bat for lashes et j'ajouterais Clémence Poesy pour la french touch !

Quelles sont vos envies pour Velvetine à l'avenir ?
Le prêt-à-porter m'intéresse, mais il reste plus complexe (structures, effectifs...) et très différent en termes de création. Dans l'accessoire on est plus libre et dans la mode, j'adore tous les accessoires. J'ai envie de créer des chaussures et des sacs pour homme aussi.


Informations : www.velvetine.fr et www.velvetineby.canalblog.com
En vente également au 66 Downtown - 66 Champs-Elysées Paris 8e et à L'Espace des Créateurs 7 rue Commines 75003 Paris

Un grand merci à Pascal Martinez pour cet article!

http://www.aufeminin.com/mode/sactoussesetats/sactoussesetats0.asp