PORTRAIT: CAROLINE, SLOW SUNDAY
Quand Caroline m'a parlé de Slow Sunday, la marque de patrons de couture qu'elle allait lancer, j'ai voulu en savoir plus sur son processus de création, l'organisation de ses journées, et toutes les étapes qui l'ont menée à ce projet.
En 2013, elle m'avait aidé à élaborer la capsule Velvetine & André, et c'est comme ca, en prototypant des sacs et chaussures qu' on est devenues amies.
Ses patrons sont le résultat d' un travail minutieux et long, pour une collection de 8 modèles bien étudiés qui arrivent petit à petit sur son site..Le petit plus: chaque patron a deux déclinaisons, Iris se décline en jupe et jupe culotte, Peony devient une blouse ou une veste... Vous pourrez trouver ses patrons sur notre eshop, qui devient une boutique multimarque!
- Comment es-tu tombée dans la mode ?
J’ai commencé à vraiment m’intéresser à la mode quand je suis allé vivre en Angleterre pendant une année, c’était en 2005 et j’étais partie dans le cadre de mes études (qui à l’époque n’avaient rien à voir avec la mode). La mode là-bas est beaucoup plus excentrique et beaucoup plus libre, j’ai adoré, je suis devenue complètement accro au shopping et surtout à Topshop, on dit que Paris est la capitale de la mode mais en Angleterre la mode est beaucoup plus avant-gardiste selon moi.
À ce moment là j’ai commencé à suivre les tendances, à m’intéresser aux créateurs de mode, je pense que cette expérience a été le début du déclic. Pendant longtemps ça a surtout été dans ma manière de m’habiller que je m’exprimais et puis en 2008 j’ai arrêté mes études de traduction après 4 ans et j’ai tout recommencé à zéro pour devenir styliste ! je me suis dit que c’était le moment ou jamais, je ne voulais pas avoir de regrets et je pense que j’ai eu raison.
Comme j’avais déjà perdu du temps j’ai voulu tout de suite rentrer dans le vif du sujet, j’ai décidé de faire une école en alternance. En résumé, après deux années de classe préparatoire et plusieurs stages j’ai commencé à travailler dans le prêt-à-porter femme pour une marque spécialisée dans le cuir. Je n’ai pas tout de suite capté la beauté de cette matière mais avec le temps j’ai réalisé la chance que j’avais eu. Après ça j’ai voulu me spécialiser et être styliste accessoires pour continuer à travailler avec cette matière et parce que je suis fan de sacs et de chaussures ! mais ça a un peu été le parcours du combattant malgré des expériences très positives.
Entre temps complètement par hasard et à ma grande surprise j’ai été embauchée pour travailler pour une marque de robe de mariée, un univers que je ne connaissais pas du tout mais ça a été une expérience incroyable où j’ai beaucoup appris et pendant laquelle j’ai eu l’opportunité de voyager.
Après les robes de mariées j’ai finalement réussi à travailler dans un bureau de style d’accessoires. L’expérience a été riche humainement mais je ne me suis pas reconnu dans le projet global de l'entreprise.
Parallèlement j’ai toujours aimé fabriquer moi-même un tas de choses dont bien sûr des vêtements, j’avais un peu appris à coudre avec ma grand-mère, et j’ai surtout appris à dompter la machine pendant mes études ! au moment de passer mon diplôme en 2012 j’avais crée un projet fictif de marque de patrons de couture. À l’époque, on ne trouvait pas beaucoup de patrons tendances qui donnent envie à des jeunes femmes de 20 de se mettre à la couture. J’avais très envie de concrétiser ce projet un jour mais je ne me sentais pas prête. En septembre dernier à la fin de mon contrat je me suis dit que c’était le moment ! Je pourrais enfin passer mes journées à faire quelque chose qui me plaît vraiment et dans lequel je me réalise juste avant mes 30 ans
J’ai longtemps réfléchi au nom de marque, j’ai même hésité à reprendre celui que j’avais donné à mon projet de fin d’étude. J’avais envie de quelque chose de très doux, qui ait une signification mais pas trop évidente. J’aime les sonorités de Slow Sunday, et ce que ça implique car c’est ma manière à moi de pratiquer la couture: en général je ne couds pas le soir car je suis trop fatiguée mais j’aime l’idée d’un dimanche calme à coudre tranquillement quand l’agitation de la semaine et du samedi soir est passé. J’avais envie que ça exprime un moment de détente et surtout pas quelque chose de contraignant, personnellement quand je couds je me vide la tête et je ne pense plus à rien. Et puis une amie m’a dit une chose très juste qui je pense m’a convaincu : Slow en opposition à fast de fast fashion, je n’avais même pas réalisé et j’ai trouvé que c’était vraiment génial.
Top Iris
- Qu'est ce qui t'inspire ?
Les couleurs m’inspirent beaucoup et les tissus également, j’adore les imprimés, les textures des différents tissages, j’aime quand les tissus ont du relief. L’ambiance d’une photo de paysage ou l’attitude d’une femme qui ressemble à l’idée que je me fais du style peut aussi m’inspirer.
J’adore aussi le rétro, le vintage, les choses du passé … les années 30, 40 et 50.
Mes égéries changent ! en ce moment j’aime Anna Karina et Jean Seberg, j’aime l’image d’une femme naturelle et fragile.
-Quelles difficultées as tu rencontré dans ton projet / quelles aides as tu recu?
Je pense que la difficulté majeure est le manque de temps … Tout assumer seul peut vite devenir très dur. Il faut savoir accepter que ça ne sera pas parfait au début et faire le choix de se lancer même si tout n’est pas comme on l’avait imaginé. Il faut aussi être prêt à devoir assumer tous les rôles et parfois c’est un peu difficile, bref il ne faut jamais baisser les bras et être toujours ultra-motivé !
Après honnêtement pour toutes les étapes de créations d’entreprise il est très facile de trouver de l’aide, de l’accompagnement.
Je fais partie du groupement d’entrepreneur accompagné individuellement (GEAI), c’est une association, c’est un dispositif plus connue sous le nom de Couveuse, qui permet de tester son activité sans avoir à faire toutes les démarches administratives, et surtout qui permet de se former à devenir chef d’entreprise et à savoir absolument tout gérer.
Robe Forget Me Not
- Quelles sont les étapes pour réaliser un patron? Ta journée de travail classique?
Il y a beaucoup d’étapes … Je fais d’abord le choix de passer soit par la méthode du moulage sur mannequin soit pas la coupe à plat directement sur un papier, selon le modèle. En général une fois que j’ai une première version de patron, je fais une première toile, je fais des corrections que je reporte ensuite sur le patron. Puis un autre prototype, que je peu à nouveau corriger etc … Ensuite il y a la gradation, puis le vêtement final dans un joli tissu !
Ma journée de travail dépend vraiment de l’étape de développement de ma collection. Je peux passer une journée à coudre, à faire un patronage, une journée devant mon ordinateur à mettre en page des livrets d’explications ou une journée à chercher des tissus.
J’aimerais élargir la gamme de patrons, au mois de mai je vais sortir de nouveaux modèles. Dès cet hiver je vais commercialiser des kits patrons et tissus.
Peut-être du prêt-à-porter, beaucoup de personnes me demandent que faire dans le cas où elles ne savent pas coudre pour porter mes modèles, à chaque fois ça me touche beaucoup mais malheureusement je n’ai pas le temps de leur coudre moi-même. Je ne sais pas quelle forme cela prendra mais j’aimerais beaucoup mettre en place quelque chose.
Également je pense à donner des cours ou animer des ateliers. Honnêtement j’ai envie de faire beaucoup de choses.
- Qu'aimes tu faire un slow sunday?
Ça dépend ! ne rien faire, ou alors ne faire que des choses pour moi. De manière général prendre mon temps: de prendre soin de moi, de concrétiser un projet de création, faire une activité qui me plait et qui me détend, comme la couture, la cuisine ou la pâtisserie, manger ce que j’ai préparé, aller me balader, flâner dans Paris ou aller à la campagne et profiter des gens que j’aime !
Pour découvrir ses patrons c'est par ici!
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